Plantation d’une allée de cerisiers – Comment réussir la plantation d’un arbre en pleine terre

par | 4 Mai, 2024

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Parmi nos nombreux projets en lien avec la terre, l’un d’eux est de créer sur l’une des prairies du terrain le Jardin Irodori
彩り庭園 : un jardin médicinal et tinctorial diversifié et abondant. Ce sera aussi un lieu de ressourcement et de beauté, avec la mise en place d’une yourte comme espace cocon et la plantation de nombreuses espèces végétales décoratives.

Un jardin qui exprimera mon attachement au Japon à travers le choix de certaines plantes (cerisiers, érables) et l’aménagement de la yourte.

Nous avons ainsi commencé ce printemps par la création d’une allée de cerisiers menant à ce jardin.

Avant de vous en parler, j’aimerais vous présenter dans les grandes lignes ce futur cocon végétal :

Un jardin haut en couleurs

 

« Irodori » 彩り est un mot japonais qui signifie « la couleur » au sens large : les couleurs de la vie, l’épanouissement, la joie de vivre, le goût des choses etc.

Ce jardin sera en partie dédié aux plantes tinctoriales (plantes utilisées pour la teinture et la fabrication de pigments), d’où l’idée d’un mot évoquant la couleur, mais c’est aussi l’aspect poétique, sensible du terme qui m’a attiré : créer un jardin qui vibre d’émerveillement, où les fleurs et les personnes s’épanouissent. Un lieu pour ressentir les couleurs autour de nous et en nous-mêmes.

Mais aussi un sanctuaire végétal sacré, où l’on vient se ressourcer, créer, prendre soin de son corps et de son esprit, se connecter à la Terre.

Pour exprimer ce côté sacré du jardin, l’entrée dans l’allée qui y mène se fera par un torii 鳥居, portail japonais placé à l’entrée des sanctuaires shintoïstes au Japon, faisant le lien entre le monde profane et le monde sacré, entre le monde physique et le monde spirituel.
Nous avons l’intention de fabriquer ce torii avec des ressources locales et écologiques (bois du terrain, peinture faite maison avec des pigments naturels).

Torii à l’entrée d’un sanctuaire au coeur de la forêt au Japon

Torii donnant sur une partie séparée du sanctuaire, à Arashiyama

Un jardin diversifié, dédié à la couleur, au bien-être, à la beauté

 

Ce cocon de verdure sera donc composé de plusieurs espaces, mélangés ou non :

 

  • Une zone de plantes aromatiques et médicinales découpée en plusieurs allées de culture diversifiées (thym, romarin, camomille, cassis, menthe etc.) entourées d’arbres à usage médicinal (sureau, aubépine, tilleul etc.) qui serviront principalement à la réalisation de tisanes.
  • Une zone de plantes tinctoriales de forme semblable à un soleil dont chaque rayon sera végétalisé, et le centre composé d’arbres. Quelques exemples de plantes tinctoriales qui y seront introduites : cosmos sulfureux, indigo, garance des teinturiers, réséda,… Elles seront récoltées et utilisées pour la teinture de tissus ou la fabrication de pigments pour la peinture.
  • Des plantes décoratives, en majorité originaires du Japon : cerisiers, érables,… ainsi que de nombreuses fleurs. Celles-ci seront intégrées à l’ensemble du jardin ou regroupées pour former des îlots de beauté végétale. Je songe notamment à un espace dédié aux cerisiers pour pouvoir en profiter pleinement lors du hanami 花見 (évènement où l’on va se poser sous les cerisiers en fleurs pour admirer leur magnifique floraison éphémère).
  • La création d’une petite mare de biodiversité pour accueillir grenouilles, tritons, libellules etc.
  • La mise en place d’une yourte-atelier aménagée selon l’inspiration japonaise, un lieu pour se ressourcer et créer au milieu de ce jardin d’Eden.
  • La plantation d’arbres tout autour du jardin, en haie ou en bosquets.

 

Ce projet est encore en réflexion, notamment sur une possible création d’ateliers autour des plantes médicinales, de la teinture végétale ou encore des séjours-retraites en pleine nature et évènements en lien avec le Japon. Ce sera aussi un lieu de productions diversifiées qui seront peut-être destinées à la vente (tisanes, plantes tinctoriales séchées prêtes à l’emploi, pigments,…)

Plantation de l’allée : comment assurer la reprise des arbres achetés en pot

Emplacement de la future allée

Allée tondue, n’attendant plus que la plantation !

Pour en revenir à l’allée d’arrivée : nous avons planté 6 cerisiers déjà âgés de quelques années + un jeune (variétés Kanzan, Accolade et Kojo no mai), ainsi que quelques buissons (céanothes, physocarpe). La période des arbres en racines nues étant terminée (novembre à mars), nous les avons acheté en pot.
Un arbre en pot de pépinière a été restreint tout le long de sa croissance dans un contenant souvent trop petit par rapport à sa taille (les grosses pépinières utilisent souvent engrais et compost pour booster la pousse). Cela résulte en général en un chignon dense de racines ayant tourné et tourné encore dans le pot jusqu’à s’emmêler, et un arbre ayant été habitué à une terre fine et des apports d’engrais, ce qui ne facilite pas la reprise une fois replanté en pleine terre.
Il est donc important de l’aider au moment de sa plantation pour qu’il s’enracine bien et puisse se développer sainement et vigoureusement.
Je vous explique en détail notre technique de plantation :

Etape 1 :

Creusez un trou deux fois plus large et plus profond que la taille de la motte. Décompactez bien le fond du trou avec la pelle ou une fourche-bêche et versez un mélange de la terre récupérée et de terreau (du bio et sans tourbe si possible) ou de compost fait maison si vous en avez pour combler environ 1/3 de la profondeur.

Note : mélanger du terreau/compost à la terre n’est pas tant pour apporter un amendement à l’arbre mais pour l’habituer au nouveau sol en douceur et l’aider à faire des racines en profondeur.

Etape 2 :

Arrosez abondamment le trou pour former une boue liquide : cela permettra à la terre de bien adhérer aux racines et empêcher qu’il y ait des bulles d’air qui restent, ce qui pourrait faire pourrir les racines (humidité + air = pourriture).

Etape 3 :

Sortez l’arbre de son contenant et démêlez les racines de la motte pour favoriser une bonne reprise. L’idée est d’inciter l’arbre à faire des racines qui vont en profondeur et non qui tournent en rond.
Placez ensuite l’arbre dans le trou boueux en appuyant un peu pour qu’il s’enfonce bien. La motte doit normalement arriver au même niveau que le sol.
Note : Si vous avez une terre très drainante et qui sèche vite, il vaut mieux enterrer l’arbre un peu plus bas que le niveau du sol : cela permettra de faire une cuvette qui gardera un peu plus l’eau.
Au contraire, si votre terre reste humide longtemps, qu’elle a du mal à drainer l’eau (comme c’est le cas à cet endroit de notre terrain) laissez la motte dépasser du niveau du sol et faites une petite butte de terre.

Etape 4 :

Rebouchez le reste du trou avec la terre un peu allégée en terreau/compost (pas nécessaire si vous n’en avez pas assez, le plus important étant le fond du trou de plantation) et tassez légèrement une fois le trou rebouché. Arrosez une nouvelle fois.
Une fois l’arbre planté, il est important de couvrir le sol à son pied pour le protéger des intempéries, le garder frais et empêcher l’herbe de repousser autour, ce qui concurrencerait l’arbre pour l’eau les premières années : en effet, n’ayant pas encore de racines bien développées, il ne peut pas aller chercher l’eau en profondeur. Il dépend donc de l’eau de surface et de pluie, mais l’herbe boit beaucoup d’eau et il ne lui en resterait pas suffisamment pour assurer son bon développement.

Pour cela vous avez plusieurs solutions :

 

  • Mettre un bon paillage organique au pied de l’arbre : tonte, paille, broyat, feuilles mortes, etc. Vous pouvez aussi mettre une fine couche de compost ou de fumier décomposé en plus sous le paillage pour amender la terre.
  • Dans le cas d’une plantation tardive (à partir de mars), semer densément des graines de plantes adaptées. Nous utilisons en général pour ça des « engrais verts« , des plantes qui ont des actions bénéfiques pour le sol : décompacter, accumuler des minéraux, limiter la pousse d’herbes sauvages ou encore attirer des insectes pollinisateurs. (par exemple de la phacélie, du sarrasin, de la vesce, de la moutarde blanche etc.). Vous pouvez en trouver sur le site d’Agrosemens.
    Dans ce cas nous fauchons après la floraison puis laissons sur place en couvrant en plus d’un paillage végétal. Les racines, en se décomposant, vont améliorer la structure du sol et les parties aériennes vont libérer les minéraux accumulés en se décomposant et se transformer en matière organique disponible pour l’arbre grâce à la vie du sol : vers de terre, champignons, cloportes, collemboles etc.
  • On peut aussi semer des mélanges de graines de fleurs annuelles (à ressemer tous les ans) ou vivaces (qui resteront donc en place). Je préfère cette option-là quand c’est possible car un sol végétalisé (avec un couvert végétal + un réseau de racines) est plus efficace qu’un sol simplement couvert : le rôle des racines est très important pour la structuration du sol et son activité biologique.
  • Vous pouvez évidemment faire les deux : semer des engrais verts au printemps pour améliorer le sol, le faucher après la floraison, puis semer des fleurs vivaces en début d’automne ou au printemps suivant, ou planter directement des plants déjà développés. C’est ce que nous ferons pour les arbres de cette allée.

      Semis d’engrais verts au pied des arbres

      Premières pousses

      Il est important de bien arroser l’arbre la première année  : le mieux sont des arrosages abondants et espacés dans le temps, pour encourager l’arbre à aller chercher l’eau en profondeur et devenir ainsi plus autonome. En général nous arrosons deux à trois fois dans l’été, une fois par mois environ, et mettons un voir deux arrosoirs d’eau (10 à 20L) à chaque fois.
      Nous avons aussi protégé la zone d’une clôture de fils de fers pour dissuader les nombreux chevreuils présents sur le terrain qui, sinon, se feraient sûrement une joie de venir grignoter les pousses des arbres et se frotter au tronc !
      En plantant de cette manière, l’arbre a plus de chance de bien s’enraciner et d’avoir un bon développement. N’oubliez pas cependant que chaque plante a des besoins différents et il se peut que même avec tous vos efforts, certaines ne se plaisent pas dans votre terre ou  ne supportent pas les conditions du lieu.
      Je conseille donc de se renseigner sur chaque plante avant de les installer chez vous (type de terre adaptée, exposition, rusticité, résistance à la sécheresse, au embruns), mais finalement la meilleure manière de savoir est d’essayer !

      Les prochaines étapes pour cette allée :

      • Rajouter des plantes (quelques cerisiers + buissons entre chacun) à l’automne et printemps prochain.
      • Faucher les engrais verts semés au pied cet été et couvrir avec un paillage épais.
      • Planter des fleurs et des bulbes cet automne et au printemps prochain, jusqu’à ce que chaque côté de l’allée soit densément végétalisé.
      • Fabriquer et placer le torii à l’entrée de l’allée.
      Je ferais sans doute un article pour expliquer la fabrication du torii, présenter l’allée terminée et la création du jardin Irodori.
      En attendant je vous souhaite une bonne plantation !

      2 Commentaires

      1. Chloé

        Quel magnifique jardin en devenir ! Il me tarde de voir la suite des aménagements, cela m’inspirera pour notre propre jardin. ❤️

        Réponse
        • Emakö

          Merci beaucoup Chloé !! J’ai hâte d’aménager et planter le jardin 🙂

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